L'innovation frugale, une des clés du 21ème siècle ?

Présentation du concept d'innovation frugale, encore nommé "Jugaad". Ou l'art de faire plus avec moins, pour par exemple envoyer une sonde sur Mars avec seulement 51 millions euros.

En Occident, on nous parle à juste titre du problème des émissions de gaz à effet de serre et de leurs répercussions dangereuses sur le climat.

Si les notions de réchauffement et de pollution semblent bien entrées dans les esprits, le sujet de l'épuisement des ressources est beaucoup moins médiatique, peut-être parce qu'il remet encore plus en cause nos modes de vie ?

L'idée est que si notre environnement n'est pas un exutoire infini, il n'est pas non plus une source dans laquelle nous pouvons puiser éternellement. Une récente vidéo du CNRS parlait par exemple d'un épuisement des ressources en pétrole d'ici 25 / 30 ans (demain quoi...). On peut étudier le rapport Meadows pour obtenir une vue plus systémique du problème.

Il ne s'agit pas seulement de "sauver les petits oiseaux" (certains diront qu'ils n'en ont cure...), mais de préserver notre mode de vie qui, s'il reste largement perfectible, nous apporte un niveau historique de confort matériel. En tout cas, dans les pays dits "riches".

Et pour en venir au sujet de cet article, ce qui est intéressant est de voir apparaître dans les pays n'étant pas parvenu à notre niveau de développement des clés possibles pour aborder une économie post abondance.

Les concepts de "Jugaad" (débrouille / bricolage) et d'innovation frugale popularisés par Navi Radjou en s'inspirant de ses observations en Inde et dans d'autres pays émergents, consistent précisément à faire plus avec moins (ressources, argent...).

Ces innovations sont la conséquence de contraintes fortes tenant à la grande pauvreté du bas de la pyramide (BOP) de la population de ces pays. Si ce sont souvent des ONG et des entreprises sociales qui sont à l'origine de ces nouvelles pratiques, les grandes entreprises suivent l'exemple. Il s'agit pour elles de toucher le marché inexistant des "non consommateurs" (puisque trop pauvres !), en s'adaptant à eux.

Cet objectif de faire plus avec moins, peut prendre différentes formes :

  • observer le terrain, innovation bottom up : les besoins, limitations, contraintes mais aussi leurs solutions "bricolées" déjà existantes.
  • pousser la sous-traitance à son maximum pour se concentrer sur son cœur d'activité.
  • maximiser les économies d'échelle.
  • ne pas réinventer la roue, mais plutôt repenser ce qui existe déjà.

L'idée n'est pas de fournir en bout de chaîne des produits / services de moindre qualité, mais de les repenser en les dépouillant de l'inutile ou les adaptant à l'existant, tout en optimisant leur robustesse, leur facilité d'utilisation et en en diminuant le coût.

Bref, je trouve très séduisant ce concept qui, partant de contraintes, imagine de nouvelles solutions.

Quelques liens qui vous en apprendront plus sur le sujet :