Sylvain Jazdzewski « Éthique de l’abyme »

J’ai parlé ici par le passé du blog de Riffle Noir, une collection dédiée aux romans policiers, d’un « petit » éditeur du nord de la France nommé « Les éditions de Riffle ». Il se trouve qu’au-delà de ce genre, cet éditeur comme indiqué sur son site internet «  perpétue la tradition du roman et explorent d’autres types d’écriture (nouvelles, récits, poésie, chroniques). ». C’est donc dans une autre de ses collections « Écritures » que j’ai découvert le recueil « Éthique de l’abyme », de Sylvain Jazdzewski.

Couverture du recueil « Éthique de l’abyme » de Sylvain Jazdzewski (éditions du Riffle Noir)

Tout d’abord, je veux parler du livre en lui-même, comme objet.
Sa réalisation est soignée et n’a rien à envier aux grands éditeurs, bien au contraire !
La « Vierge Noire » de Carl Sonnenfeld servant d’illustration de couverture est superbe et je trouve très à propos pour ce recueil.

J’en viens au texte en lui-même.
Suite d’évocations et de « visions » quelque peu rimbaldiennes que l’auteur partage avec nous, c’est globalement une réussite.
L’auteur ne cède ni à la facilité de jouer avec des clichés éculés en poésie, ni à celle de se réfugier dans une poésie trop abstraite, au risque au final d’être incompréhensible.

Il parvient au contraire à nous faire ressentir des émotions souvent diffuses mais bien réelles. L’ambiance est sombre, morose… voire nauséabonde (on cherche air pur à respirer !), mais aussi teintée ici ou là d’espoirs fugaces.

Bref, un véritable récit poétique que j’ai pris plaisir à lire.

Voici un court (mais peut-être représentatif ?) texte, issu de ce recueil :

Amen

Encerclés ils ne doutent pas
Épuisés ils ne tombent pas
Abattus ils ne renoncent pas
Annihilés ils continuent
Vivants ils ne le sont pas

Oui l’âme humaine est fascinante

(onyx infini)