À Lorient... la transition énergétique, on s'y met !

Cela fait plus d'un an que je participe au nouveau projet porté par l'association Bretagne Énergies Citoyennes.
Il était donc grand temps de commencer à en parler ici, même si, dossier en cours oblige, certains points ne peuvent être abordés dans les détails...

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Bretagne Énergies Citoyennes

Bretagne Énergies Citoyennes (B.E.C.) est une association lorientaise que j'ai découverte il y a quelques années lors d'événements consacrés aux initiatives citoyennes de transition énergétique.
J'ai surtout eu l'occasion de covoiturer avec son président Jean-Luc Danet, lors d'une formation des bénévoles d'Enercoop Bretagne.
Dans le Landerneau des énergies renouvelables bretonnes, on finit toujours par se croiser :-)
Et l’objet de cette association est précisément de promouvoir l'investissement citoyen dans les énergies renouvelables.

Un premier projet sur le toit de la Biocoop de Mellac

Son premier fait d'armes a été de créer la SAS Toit solaire de Mellac ayant permis le financement à 75 % citoyen des panneaux photovoltaïques du toit de la Biocoop de Mellac.
Une affaire qui tourne depuis plusieurs années sur un modèle économique consistant à vendre l'électricité produite par les panneaux à EDF.
L'opérateur historique (qui a dit hystérique ?) reste en effet le seul fournisseur ayant le droit de piocher dans la réserve collectée via la CSPE que chacun paye sur sa facture d'électricité.
Un crève-cœur pour ce type de projet citoyen, et pour Enercoop qui ne peut acheter cette électricité au tarif réglementé d'obligation d'achat.
Patience, car il parait que cela va changer d'ici quelques années...

De toute façon, le tarif réglementé d'achat du photovoltaïque n'est plus suffisant pour permettre de monter de nouvelles sociétés sur ce modèle économique, à moins d'équiper de plus grandes surfaces ou d'emprunter une partie du capital nécessaire au financement de l'installation.

En effet, la création d'une société est nécessaire pour permettre l'investissement citoyen sous forme d'actions, mais occasionne en contrepartie des frais de fonctionnement, nécessitant de réaliser un minimum de chiffre d'affaires.

Un autre modèle économique basé sur l'auto-consommation

Un autre modèle était donc à trouver. C'est chose faite via une innovation.
Le principe du premier projet que doit porter la nouvelle société consistera à louer des panneaux photovoltaïques à des collectivités locales.
Cette fois, les collectivités participantes ne vendront pas l'électricité produite par les panneaux, mais l'utiliseront directement selon le principe de l'autoconsommation / autoproduction.
L'électricité produite localement n'étant plus à acheter, elles réaliseront ainsi des économies sur leurs factures d'électricité.

Pour bien comprendre ce principe de l'autoconsommation et son potentiel, je vous conseille de visionner cette très bonne vidéo de Tecsol.

Un modèle éprouvé par la ville de Lorient

Au-delà de son rôle de pouponnière d'entreprises citoyennes, B.E.C. participe à différentes activités sur le secteur de Lorient, telles des actions éducatives dans les établissements scolaires.

En relation avec la ville de Lorient, elle a pu aussi étudier concrètement le modèle de l'autoconsommation en analysant les données de production et de consommation de l'école Kermélo, sur le toit de laquelle la ville a déjà installé courant 2015 des panneaux dont l'électricité est consommée par les bâtiments. Résultat des courses, avec environ 100 m2 de panneaux photovoltaïques, on arrive à produire en moyenne 30 % de l'électricité nécessaire à l'établissement. Ce rendement ne pouvant que s'améliorer avec des actions de maîtrise de l'énergie dans lesquelles les élèves seront impliqués. Il s'agit d'une des "écoles en transition" de la ville.

Pour en savoir plus sur les initiatives de transition énergétique de Lorient, je vous conseille de consulter le site de l'agenda 21 de la ville.
Elle mène de réelles actions de transition énergétique, ceci étant dû tant à une volonté politique qu'à la compétence et la motivation de ses agents.
Elle a d'ailleurs obtenu le label Cit'ergie.

Bref, ce principe d'autoconsommation est amené à se développer rapidement dans les années qui viennent et est déjà bien avancé dans d'autres pays européens (où les tarifs de l'électricité sont peut-être plus réalistes ?).

Intérêt pour les collectivités ?

Pourquoi louer les panneaux solaires, quand on peut les acheter ?

Les collectivités locales ont souvent un budget de fonctionnement bien plus élevé que celui dédié aux nouveaux investissements.
En nous louant une partie des panneaux dont elles ont besoin, elles gagnent de la marge sur leur budget d'investissement, qu'elles peuvent consacrer à d'autres actions, notamment l'achat du matériel annexe aux panneaux (onduleurs...).
Elles peuvent ainsi avancer plus vite dans le développement de leur production d'électricité.

De plus, notre souhait est de louer les panneaux à un tarif qui sera au minimum compensé par les économies réalisées sur la facture d'électricité.

Alors évidemment, une autre solution serait d'emprunter auprès d'une banque l'argent nécessaire à l'achat des panneaux solaires.
Cette option serait même sans doute plus "rentable" mais le fait de passer par des citoyen.ne.s apporte une valeur ajoutée évidente pour une collectivité.
Ceci dit, cette possibilité est à prendre en compte, et il nous faudra de toute façon passer par la réponse à un appel d'offres... donc rien n'est joué !

Une participation citoyenne et démocratique

Au-delà de l'aspect financier et de la nécessaire rentabilité de la société, l'important est l'implication citoyenne dans le projet, et si possible au-delà du cercle des irréductibles convaincu.e.s !

C'est pourquoi nous avons passé plusieurs mois à plancher sur les statuts de la société, son mode de gouvernance, son modèle économique...
Les décisions finales ayant été validées lors d'une réunion à laquelle tous nos adhérent.e.s étaient invité.e.s :

Photo de la réunion : ça bosse dur !

ça bosse dur, hein ! :-)

Ces décisions ont aussi bien concerné :

  • la forme de gouvernance : le principe coopératif une personne = une voix, et le tirage au sort de 2 membres du conseil de gestion ont ainsi été retenus,
  • le montant de l'action : 250 €,
  • le rendement espéré de l'investissement : 1% net,
  • le nom de la société : OnCIMè (ça y est, vous avez compris le jeu de mots !? :-)).

250 € cela peut paraître beaucoup pour certaines bourses, mais l'action étant bloquée par défaut au moins 4 ans, il serait irresponsable d’entraîner dans notre aventure des personnes n'ayant pas un minimum d'épargne. Ces personnes peuvent très bien participer en tant que bénévole de l'association à nos autres actions. De plus, une valeur plus faible de l'action pouvait entraîner une plus grande complexité, en augmentant le nombre d'actionnaires.

Pour ce qu'il en est du rendement de 1 %, il s'entend au-delà de l'inflation et du taux d’imposition moyen.
Concrètement, c'est un peu plus qu'un livret A. Le but n'est pas d'attirer les plus gourmand.e.s, mais un rendement nul (voire négatif) ne nous semblait pas compatible avec notre souhait d'attirer des citoyen.ne.s lambda, non "militant.e.s".

Après cette réunion participative visant à définir collectivement le fonctionnement souhaité pour notre société, nous sommes passé aux choses sérieuses.
L'AG de création de la société nous a permis de signer les statuts et d'élire les membres de notre conseil de gestion.
Ayant suivi le projet depuis le début, je me suis naturellement porté volontaire pour cette fonction...

Les 22 actionnaires fondateurs ont déjà réussi à réunir plus de 10 000 € de capital.
Nous visons environ 40 000 € de capital pour permettre le premier projet, et nous sommes donc en plein "recrutement" d'actionnaires...

Une façon concrète de donner du sens à son épargne et de participer à la transition énergétique

Je pense que de plus en plus de personnes se posent des questions sur ce que leur banque fait de leur argent (pas vous ?).
D'un autre côté, beaucoup doivent aussi vouloir participer à la transition énergétique, sans trop savoir comment s'y prendre.
Ces deux aspects sont bien représentés dans le clip récemment mis en ligne par Énergies Partagés et la Nef pour leur campagne "Épargnons le climat".

En participant à une société comme la SAS OnCIMè, les citoyen.ne.s peuvent savoir précisément à quoi va servir une partie de leur épargne et s'intégrer à une démarche collective.

Ceci dit, cette entreprise a été conçue comme multi-projets.
Si nous rencontrons du succès dans cette première étape, nous pourrons renouveler des projets basés sur le même modèle, notre prix de location ne pouvant que diminuer, les frais de fonctionnement étant mutualisés.

Et ce ne sont pas les idées qui nous manquent pour d'autres initiatives, que cela soit en direction des particuliers souhaitant s'équiper ou encore des actions d’éducation populaire et de maîtrise de la consommation d'énergie.

Et le fait de pouvoir créer un jour, un ou plusieurs emplois, ne nous gênerait pas plus que ça :-)

Bref, plein de belles initiatives à l'horizon !

Mise à jour mai 2017

Notre premier projet est bouclé et un nouveau pointe le bout de son nez... lisez mon nouvel article pour savoir comment on s'y remet !

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