Six Feet Under, les cadavres exquis de la famille Fisher

Cela commence à dater, mais je m’étais promis après être parvenu à la fin de la cinquième saison de « Six Feet Under » de faire écho de cette série qui je dois l’avouer me laisse un souvenir assez exceptionnel…

La famille Fisher et quelques « amis » de la famille :-)

Elle a d’abord été diffusée en France sur Canal+ puis sur France 2 mais manifestement j’étais passé complètement à côté… C’est vrai que pendant plusieurs années, j’ai suivi de très loin ce qui se passait dans l’« étrange lucarne ».

C’est donc tardivement que j’ai entendu parler de cette série dans une émission radio.
Je ne me souviens malheureusement plus quel auteur y chantait les louanges de Six Feet Under, mais cela a piqué ma curiosité d’entendre un romancier vanter la qualité des scénarios d’une série TV.

Effectivement, je considérais alors les séries américaines comme étant aux mieux divertissantes avec leurs scénarios simplistes aromatisés par une bonne dose de morale gentillette, à moins de tomber dans l’extrême opposé en donnant dans un « trash » tout aussi facile.

Titillé, pour me faire une idée, j’ai donc loué le DVD des premiers épisodes.
Et là coup de foudre dès les premières minutes !
En fait j’ai été scotché dès le clip faisant office de générique.
Il est en lui-même une petite merveille à l’esthétique gothique qui prend en plus de la valeur au fil des épisodes tant on se rend compte de la cohérence de sa symbolique avec le cheminement et le message porté par la série.
Il semble que cela soit la marque de fabrique des studios HBO, car j’ai retrouvé la même qualité dans le générique de la série « Rome ».

Passé le générique, le premier épisode nous plonge dans l’ambiance : une famille d’entrepreneurs de pompes funèbres se retrouvant elle-même endeuillée par l’accident du père.
On est tout de suite plongé dans une ambiance survoltée qui ne quittera pas la série pendant ses 5 saisons.
Durant ce premier épisode on trouve aussi quelques fausses publicités qui ne manquent pas d’humour… noir forcément !

Ce qui est d’ailleurs étonnant, c’est que malgré le côté volontairement très « dramatique » de la série, l’ensemble ne manque pas d’humour, notamment les scènes de décès souvent loufoques qui débutent presque chaque épisode.
On y retrouve aussi des éléments un peu décalés comme les fantômes qui viennent régulièrement donner des conseils plus ou moins avisés aux vivants, cela semblant tellement couler de source qu’il ne viendrait à l’idée de personne de qualifier la série de fantastique.

Six Feet Under utilise pleinement ses 5 saisons et 63 épisodes pour pousser très loin la psychologie des personnages principaux que l’on voit se dévoiler et évoluer au fil de l’histoire.
À bien y regarder, tous sont de petits monstres d’égoïsme qui se côtoient, s’affrontent, se désirent et se fuient les uns les autres, mais on ne peut s’empêcher de s’y attacher et forcément de s’y identifier (le fameux « rien de ce qui est humain ne m’est étranger » de Terence ?).

La série est aussi très addictive et je me suis plusieurs fois désespéré du délai que me faisait subir mon loueur de DVD entre l’envoi des différents épisodes, tant le suspens est souvent insoutenable.
Car le moins que l’on puisse dire c’est que l’évolution de la série n’est pas de tout repos pour ses personnages et donc pour les spectateurs qui vibrent avec eux au fil de leurs mésaventures pour le moins « rock’n’roll » !
Évitant tous les « happy end » et les « héros qui s’en sortent toujours », l’histoire semble aller de tragédie en tragédie, mais sans jamais perdre son rythme frénétique.
La vie continue, c’est un fait !

Bref, vous aurez souvent les larmes aux yeux et pourtant vous en redemanderez ! Quelle leçon de vie que nous donnent ces croques-morts !

Je place donc Six Feet Under au top de mes expériences non seulement télévisuelles mais aussi cinématographiques, car les films même du meilleur tonneau ont contre eux leur courte durée, comparée à celle d’une série – feuilleton qui sait aussi bien exploiter cette manne, jusqu’au dernier épisode qui est un véritable feu d’artifices !