« Rome », mais qu’est-ce qu’un homme bon ?

« Qu'est-ce qu'un homme bon ? » cette question ironique formulée par Lucius Vorenus en réponse à Cléopâtre lui demandant si le père naturel de son petit « Césarion » est un « homme bon » pourrait être en fait un bon résumé de l'impression générale découlant de cette série atypique.

Illustration de la série Rome de HBO.

« Rome » est une série historique qui a été coproduite par HBO et la BBC.
On y retrouve effectivement la touche de HBO – dont j’ai déjà encensé la série Six Feet Under par le passé sur ce blog – tant par la qualité des scénarios que par le côté très soigné du clip faisant office de générique, chargé en symboles illustrant à merveille le contenu de la série.

Si l’époque est différente que dans « Six Feet Under », puisqu’avec Rome on se trouve durant la période de la chute de la République romaine et la naissance de l’Empire romain, avec le règne éphémère de César, on peut aussi y trouver une similitude par le côté très réaliste des personnages, loin de tout manichéisme.

Et à voir évoluer les personnages on peut effectivement finir par se demander ce qu’est un homme bon ? (et donc aussi ce qu’est un homme mauvais…)
La très cruelle et manipulatrice Atia Julii pouvant se morfondre parce que délaissée par son amant, quand son très « sage » et érudit fils Octave est capable du plus froid machiavélisme dans ses affaires politiques, avec la bonne conscience d’agir pour le bien commun.

Et les deux héros de la série le centurion Lucius Vorenus et le légionnaire Titus Pullo ne sont pas eux-mêmes des anges, car bien au-delà de leurs faits d’armes de guerriers farouches et cruels toujours prêts à tuer l’ennemi sans se poser de question, ils ne manquent pas non plus de travers dans leurs affaires personnelles… ce qui ne nous les rend pas moins sympathiques, bien au contraire !

C’est aussi le parti pris de la série de présenter la « grande histoire » de l’intérieur, c’est-à-dire en essayant de montrer les trames personnelles pouvant influencer les décisions historiques des grands hommes, mais aussi de montrer la façon dont la population (et donc les gens « ordinaires ») vit ces périodes. Plusieurs reproches ont été faits à ce sujet à la série sur certaines inexactitudes quant à la réalité historique (lire sur ce point l’article que Wikipedia consacre à la série) et il ne faut donc pas prendre pour argent comptant tout ce qui y est présenté (mais faut-il vraiment le préciser ?!).

À noter aussi la grande qualité de la production de la série.
Il faut dire qu’on est dans des budgets plus proches de ce qu’on trouve d’habitude dans le cinéma : le budget pour la première saison (douze épisodes) s’est par exemple élevé à 100 millions de dollars !
C’est d’ailleurs pour ça que la série s’est limitée à deux saisons de 12 épisodes chacune, ayant du mal à trouver sa rentabilité malgré son succès.
Le côté très violent de certaines scènes ne facilitant sans doute pas les choses en ne permettant pas une diffusion à des heures de grande écoute (en France, M6 a diffusé la première saison pour le moins timidement, puisqu’à des horaires plus tardives que ses traditionnels « films érotiques » !).

Bref, « Rome » est clairement une série qui est formellement à déconseiller aux moralistes de tout bord qui n’y trouveront pas leur bonheur et au contraire à recommander à tous ceux qui adhérent à un humanisme « par-delà bien et mal », prenant acte de la folie humaine, mais ne considérant au final que comme vraiment malades (et encore) que ceux qui veulent guérir les autres, le plus souvent sous prétexte de vouloir les rendre « meilleurs » (mais qu’est-ce qu’un homme bon ?!)