Mettez un zeste d'éthique dans vos campagnes de financement participatif

La Nef vient de lancer "Zeste", une nouvelle plate-forme de crowdfunding par le don.
Oui, mais pourquoi passer par eux plutôt que par d'autres plate-formes plus connues ?

Logo de Zeste de la Nef

Le crowdfunding, c'est vraiment éthique ou bien ?

Dans un de mes précédents articles, je vous ai parlé de l'importance primordiale de votre épargne sur les enjeux climatiques, et je ne prends pas trop de risque en disant que c'est à peu près la même chose pour les autres enjeux environnementaux ou sociaux.

Du coup, les multiples plate-formes de financement participatif (il paraît qu'on dit "crowdfunding" en grand breton), qui poussent comme des champignons semblent apporter une solution.

Et effectivement, la majorité d'entre elles propose des projets variés, plus ou moins éthiques, mais c'est vous qui choisissez ceux que vous souhaitez financer ou non. Donc vous savez à quoi (ou du moins à qui) va servir votre argent.

Seulement voilà, pour faciliter les contributions, toutes permettent de (pré)payer en ligne en passant fatalement par les services d'une banque.
Pour avoir discuté avec une des fondatrices de la plateforme Octopousse (qui a été absorbée par Ulule en 2013), la commission de la banque sur les paiements en ligne équivalait à plus ou moins la moitié de celle prise par leur plateforme.

Donc si vous cherchez à être cohérent.e jusqu'au bout, il faut privilégier les sites de crowdfunding passant par les services d'une banque elle-même éthique.

Comme c'est au final les porteurs de projet qui choisissent sur quel site ils lancent leur campagne, c'est à eux que s'adresse prioritairement cet article. En tant que contributeurs nous ne pouvons que les suivre là où ils ont décidé d'appeler au soutien.

Et quand, par exemple, on constate qu'un des principaux sites de crowdfunding (vous savez, la chouette qui ulule :-)) affiche fièrement son partenariat avec la banque BNP Paribas, cela peut poser quelques questions éthiques...

Bref, tout ça pour dire que c'est une bonne nouvelle que la Nef lance officiellement sa plateforme de financement participatif :-)

Voilà une banque (ou presque) qui ne cache pas ses revenus dans des paradis fiscaux, mais se permet même le luxe de publier la liste de tous les projets qu'elle finance.
Ils pourraient sans doute reprendre à leur compte la citation des Mots d'oiseaux : "Au bonheur des actionnaires, ils préfèrent être actionnaires du bonheur."

Zeste, une bonne solution pour financer votre projet ?

Vous vous direz peut-être qu'en passant par un site fatalement moins connu que les "grands", vous risquez de rencontrer plus de difficultés à trouver vos donateurs ?

C'est mal connaître le fonctionnement du crowdfunding, car vos premiers contributeurs se trouvent déjà dans votre réseau, la plateforme vous aidant à les solliciter en espérant qu'ils solliciteront eux-mêmes leur réseau et ainsi de suite... Il faut généralement être très connu ou porter un projet qui fait le buzz pour espérer attirer de parfait.e.s inconnu.e.s.

Un atout de la plateforme Zeste est aussi de fonctionner par paliers, c'est-à-dire que si à la fin de votre campagne vous n'avez pas atteint votre "objectif", vous pouvez tout de même empocher le montant apporté par vos contributeurs, pour peu que vous ayez atteint le premier palier plus accessible. Cela change des autres plate-formes qui fonctionnent presque toutes sur le principe du tout ou rien.

Vous voilà informé.e.s, mais arrêtons de zesticuler :-) et puisque j'ai commencé par parler de climat, vous pourriez faire un premier zeste pour soutenir l'association négaWatt qui cherchent 40 000 € en 40 jours ! J'arrête mon cinéma, mais je trouve tout de même que leur réussite ferait un beau scénario :-)

Besoin de dons récurrents ?

Je complète mon article pour évoquer une alternative intéressante pour celles et ceux, qui au-delà d'un projet ponctuel, cherchent un financement sur la durée. Là aussi certaines plateformes dominent le marché, mais pour les indien.ne.s qui voudraient sortir de leur "tipi" :-), une alternative intéressante est proposée par Liberapay.

Initialement pensée pour faciliter le financement de logiciels libres, cette plateforme peut très bien s'adapter à de nombreux projets, qu'ils soient portés par une association, une entreprise, un collectif informel...
Elle est gérée par une association à la gestion collégiale, qui elle-même se finance via la plateforme. Elle ne prend donc pas de commission sur les dons reçus par les autres projets.
Vous pouvez découvrir deux des protagonistes dans la vidéo d'une présentation enregistrée lors du "Capitole du Libre".
C'est intéressant, car leurs explications permettent de comprendre les difficultés rencontrées par ce type de plateforme.

Il n'y a pas que le numérique !

Enfin, n'oubliez pas qu'il n'y a pas que le numérique pour appeler au financement participatif.
Par exemple, vous pouvez lire mon article sur les clubs CIGALES.
Si vous en avez dans votre région, ils peuvent non seulement apporter du capital à votre entreprise, mais aussi des compétences et une aide humaine. Dans le cas contraire, des personnes de votre entourage peuvent aussi créer des clubs spécifiquement pour financer votre projet.